Lorsqu’on décide de faire partager un tour du monde à travers un blog il faut faire des choix, souvent difficiles, sur la manière d’exposer les séquences de voyage. Les photos qui illustrent les articles ont leurs importances et le poids des mots utilisés sans doute encore plus. Nous avons pris le parti de vous montrer les clichés que nous considérons les plus esthétiques même si par ailleurs nos impressions ne sont pas toujours celles que peuvent susciter un coup d’œil sur quelques « belles » photos.
A travers nos prises de vue, vous voyez ce qu’il y a de plus beau ; l’architecture, les couleurs, les sourires. Comme les autres touristes, nous ramenons un peu de la richesse de ce pays dans nos bagages ; les mêmes visages, les mêmes bâtiments, les mêmes scènes de vie. Parce que nous ne sommes pas journalistes, nous ne prenons pas la misère en photo. C’est étonnant mais c’est comme ça, ça fait partie des codes. Partager la grâce c’est tellement plus facile.
Alors cette fois ci, on vous évite une description détaillée de Jodhpur. Nous vous renvoyons à nos « belles » photos qui valent mieux que des adjectifs qualificatifs utilisés cent fois sur ce blog.
Après dix mois de voyage autour de la planète, on pense être capable de tout supporter, tout surmonter, être entièrement maître de soi. Puis quand arrive l’Inde, tout est remis en question. On ressent un sentiment qu’on ne peut connaître qu’ici, il est fait d’émotions diverses, toujours puissantes et souvent radicalement opposées.
Dans la plupart des joyaux architecturaux du Rajasthan que nous traversons, à côté des belles pierres colorées il y a des gens qui vivent dans le dénuement le plus total. Ce sont ces familles installées entre les rails de chemin de fer de Delhi, les enfants de Jaipur qui nous accrochent en mimant le geste de la faim, les marchands de Pushkar qui dorment sur leurs étales et même parfois un cadavre couvert de mouche sur un trottoir d‘Ajmer. Même si vous n’avez jamais voyagé vous avez forcément connaissance de ces faits. Nous avons tous au fond de la tête le regard déchirant d’un petit africain dénutri. On fait un don pour lui, sachant qu’on ne pourra donner à tous. Et puis, la vie continue…
Aujourd’hui la faim n’est plus en photo. Le petit indien nous parle, nous touche, nous bouscule. Alors, on lui donne à manger. Ca soulage. Cent mètres plus loin son frère nous agrippe. Il insiste, lui aussi a faim. Nous passons notre chemin. Il abandonne. Maintenant, seule la honte nous dérange…
En France, la misère sociale existe, c’est indéniable, mais l’espoir de voir les démunis sortir du gouffre existe. En Inde, le nombre de miséreux est désespérément impressionnant. La vie continue…
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