Etre français et voyager en Chine demande une bonne dose de patience, un sens développé du négoce et une pointe de tolérance. On s’explique.
Ce n’est pas un mythe, les chinois ont pour habitude de travailler rapidement grâce à une gestuelle habile et précise, le tri des billets par les employés de banque ou la rapidité du service au restaurant en témoignent. Difficile alors, de gaspiller les quelques secondes épargnées sur chacun de leurs gestes pour deux français non-initiés. Le résultat c’est que nous sommes sensés savoir ce que nous voulons manger avant d’avoir eu la carte en mains ou encore connaître notre date de départ alors que nous ne sommes pas encore arrivés. Mais mieux vaut ne pas chercher à comprendre car comme disent les américains TIC!(This Is China = c’est la chine un point c’est tout!)
Lorsque nous sommes décidés, les négociations commencent. De la nuit d’hôtel au régime de bananes nos nerfs sont mis à rude épreuve. Mieux vaut se renseigner sur les prix dans une épicerie avant de se lancer sur les marchés. Certains prix sont parfois tellement gonflés qu’on en rit. Par exemple, au marché de Yangshuo, une mémé nous a demandé sept fois le prix pour un sac de fruits. Mais ça devient moins amusant quand un agent de voyage déguisé en gentil Chinois francophile nous tombe dessus. Heureusement le coût de la vie en Chine est dérisoire et les quelques euros volés affectent peu notre budget. Les erreurs du départ sont devenues des atouts pour éviter les arnaques et le jeu des négociations honnêtes devient sympathique.
A chaque échange avec un Chinois, il faut bien sûr ajouter le problème de la langue. A part quelques jeunes instruits et les spécialistes du tourisme personne ne parle Anglais. Par contre, tout le monde connaît le « Hello » international que l’on entend des dizaines de fois par jour . Ce seul et unique mot possède une multitude de significations. Souvent il veut dire « eh oh, je suis là, j’ai des choses à vendre » d’autres fois il signifie « coucou, je connais un mot d’anglais » et rarement il est dit comme un simple « Bonjour ». Le plus étonnant ce sont les badauds qui nous observent attentivement, d’autres nous prennent en photo et les plus intrigués vont jusqu’à nous suivre dans la rue!
La parole étant impuissante, il reste la langue des signes. Mais elle peut aussi jouer des tours. Lorsque le français signe le chiffre « deux » avec le pouce et l’index le Chinois comprend « huit » mais heureusement, l’écriture des chiffres qui est identique met tout le monde d’accord.
Finalement, ce sont surtout les regards et les sourires qui parlent. Lors d’un voyage en train couchette entre Kunming et Lijiang nous partagions un compartiment avec un couple de Chinois. Pendant le dîner, les visages se sont ouverts et malgré la barrière de la langue, nous avons fait connaissance. Ils nous ont même offert de succulentes pattes de poulet cuisinées par madame pendant que nous leur montrions nos photos de la France. C’était notre premier échange « non commercial » avec des Chinois, bien suffisant pour remettre en cause nombre de nos préjugés sur ce peuple.
Après plus de six mois de voyage, nos rencontres autour du Monde nous enseignent qu’au-delà des différences, la main tendue vers l’autre trouve toujours son chemin. AMEN !