Durant nos trois semaines dans l’ouest américain, nous nous attendions à rencontrer les cowboys et les indiens. En fait, même si nous avons fréquemment croisé les descendants des indiens navajos, facilement reconnaissables à leurs « peaux rouges », le peu d’autochtones bottés et chapotés, nous avait laissé sur notre faim.
Incroyablement, c’est dans le Rio Grande Do Sul, état situé à l’extrême sud du Brésil, que nous avons rencontré de vrais Cowboys. Ceux là s’appellent « gaùchos» (prononcez gaouchosse) et fiers de l’être. Tête haute toujours couverte d’un chapeau rond, foulard rouge donnant l’air sympathique, bottes de cuir à toutes épreuves et pantalon bouffant, le gaùcho monte à cheval comme d’autres font du vélo, manie son lasso avec dextérité et attrape les tatous à mains nues par la queue. Seul B mol, les gaùchas sont quasi invisibles. Quelques fugaces apparitions nous ont confirmé leur existence, sont-elles cachées où tout simplement timides? Le mystère subsiste.
Le routard en mal de sensations fortes appréciera l’omission du danger à cheval par le gaucho. On s’explique. Quand on monte à cheval depuis l’âge de deux ans, que l’on participe à des concours de lassos à six et que l’on pratique le rodéo depuis l’adolescence, on a tendance à oublier que monter à cheval n’est pas inné. Et, lorsqu’une bande de novices français vient vous demander une ballade, et bien, on réquisitionne les chevaux de la ferme, on oublie la bombe et les contrats d’assurance, puis on lâche tout le monde au galop sur les terres qui font sa fierté. Heureusement, notre chère belle sœur, Marie, nous avait enseigné quelques rudiments d’équitation, mais malgré ça, il a fallut bien s’accrocher. Chez les gauchos, il n’est pas question de tomber. Si c’est le cas, vous êtes la risée de toute la troupe et vous êtes contraint de planter un figuier à l’endroit de la chute.
C’est donc à dos de chevaux, lancés à pleine vitesse que nous avons découvert des étendus plus vertes qu‘un gazon anglais, des marécages et des ruisseaux qui courent le long des collines.
Sans l’organisation hors pair de notre ami François qui vit au Brésil, nous n’aurions sans doute jamais mis les pieds dans ce coin du Brésil. A vrai dire, ça ressemble à tout sauf à l’image qu’on peut se faire de ce pays quand on est français. Nous avons été totalement subjugués par les paysages et l’ambiance qui règne sur les hauteurs du Rio grande et notamment en son point culminant, le Monte Negro.
L’intérêt que portent les gaùchos pour la viande est aussi un atout majeur pour des backpackers amateurs de repas à volonté. Tous les soirs, après quelques verres de liqueurs maison, nous avons eu droit a de véritables banquets composés de viandes succulentes servies par le patriarche des lieux. Ambiance garantie lors de ces repas sous fond de musique folklorique locale ventant le plaisir du Churrasco (viandes grillées au barbecue, spécialité du sud du pays) alimentée par les anecdotes de cheval de la journée.
Plus tard, il était temps de regagner nos chalets en traversant la cour de la ferme éclairée par des milliers de lucioles. Puis, nous plonger dans nos lits douillets et se rêver cavalier.
Au cours de ces trois jours à l’écart de la civilisation et du tourisme classique, nous avons éprouvé cette sensation étrange d’être ailleurs à un autre temps. Ce sentiment indicible tant recherché par le voyageur…