C’est l’histoire de trois gamins nés dans les années quatre-vingt, nourris dès leur plus tendre enfance par les blockbusters américains.
La première a passé des heures devant la lucarne, à jouer et rejouer le road trip de Thelma et Louise, s’imaginant conduire le jeune Brad Pitt à l’arrière de sa mustang turquoise.
Le deuxième a passé nombre de ses mardis soirs, près de son « Pacel », au coin du feu devant La Dernière Séance. Vous savez, celle de notre cher Eddy national.
Le troisième, aime tellement sa sœur, et accessoirement son beauf, qu’il est capable de faire un demi tour du monde pour les rejoindre.
Vous pensiez que ces trois là avaient grandis? En fait pas vraiment. Ils sont là où leurs passés les a mené. Là, où le rêve et la réalité ne font qu’un, On the road.
Ca commence à Yosemite. Ici la nature vous donne ce qu’elle a de plus beau; cascades démesurées, flore multicolore, grâce animale... Ca continue au fond du Grand Canyon à contempler les serpentins de la Colorado river sous les croassements des corbeaux soiffards. Puis, c’est le moment de la remise en cause des dogmes scientifiques. Laissez de côté votre raison et imaginez des arches en pierre façonnées par l’érosion, ou encore des rocks de plusieurs tonnes en équilibre, comme suspendus dans les airs.
Nouvel arrêt à Monument Valley. D’abord, c’est l’image d’Epinal du Western qui vous satisfait et vous donne ce que vous êtes venu y chercher. Puis, ce qui vous frappe, c’est la profondeur, l’immensité, l’infini qui vous plonge dans les bras de morphée. Et pourtant, photos à l’appuis, nous ne rêvions pas !
Mais, ne croyez pas que dame Nature se livre sans contrepartie. Tout ça se mérite, des heures de marche à avaler les miles et vaincre la peur des bears et autres lion mountains. Parfois, c’est le froid combiné à la neige qui s’acharne sur les trois mômes. Un matin, à Bryce Canyon, elle a même envoyé un de ses gardiens (un Ranger) pour les déloger de leur modeste bicoque roulante sous prétexte qu’ils n’avaient pas payé en temps et en heure et que les plumes d’aigle décorant leur capot étaient illégales…
Trois semaines de road trip c’est aussi brûler de la gomme. Et comment, 4000 miles (7500 Km, ouf !on avait souscrit le kilométrage illimité) à traverser des paysages plus étonnants les uns que les autres. Lacets de montagnes, lignes droites hypnotisantes, points de vues à couper le souffle. Tout ça en gardant assez de vigilance pour éviter dindes, biches et autres coyotes surgissant de nulle part : just amazing!
Mais, le plus terrifiant, c’est le vide. Si vous voulez admirer Zion Park, vous devez longer la crête du canyon, les yeux fixant la ligne d’horizon en serrant d’une main tremblotante un fil d’Ariane métallique. Dans ce même lieu, vous franchissez pas à pas les obstacles naturels d‘« Hyde canyon » jusqu’à ce que la raison vous oblige a renoncer.
Finalement, la route nous a mené sous le niveau de la mer, au fin fond de la vallée de la mort. Notre cher Chevy a pris place parmi les camping-cars (ou plutôt bus personnels xxl) de retraités américains venus profiter du soleil de plomb qui y officie toute l’année. De prime abord, il est vrai que ça paraît peu ragoutant. Mais dès le soleil couché, lorsque la pleine lune prend le relais, les coyotes sont de sortie. Un soir au coin du feu, notre conversation a été interrompue par une joute d’hurlements à la lune. Ouaou !
Vous aurez bien du mal à comprendre notre départ de ces lieux idylliques pour retrouver la civilisation.
Laissez nous vous donner une bonne raison: fêter Halloween à Las Vegas!
P.S :
On the road c’est aussi : 4 bouteilles de gaz pour s’essayer à l’art culinaire de plein air (ah nos chers toast grillés matinaux!), les nuits sur les parkings de supermarchés, une rencontre chaleureuse avec un artiste navajo, dix paquets de nachos dans le ventre, 40 corona et 20 blue moon dans le gosier, un plat de macaronis cheese, une boite de dip cheese sauce et une paire de baskets à la poubelle, 50 kilos de glace pour la glacière, 80 plaquettes d’american cheese (indispensables pour nos sandwichs quotidiens). Et si peu de douches…